Qu'est-ce que l'investissement à impact social ?


Le marché aurait-il un cœur ? Sir Ronald Cohen en est persuadé. Ce financier anglais est l’un des promoteurs de l’investissement à impact social, pour lui c’est là que bat le « cœur invisible des marchés ».

L’investissement à impact porte le récit d’un sauvetage des pauvres et de la planète par des mécanismes de marché souvent appuyé aussi sur des solutions techniques.

Il avance l’idée que le capitalisme engendre des problèmes qu’il est en même temps capable de résoudre. Ces promoteurs inventent des tas de nouvelles façons de qualifier le capitalisme : « capitalisme d’intérêt général », « capitalisme vert », « capitalisme inclusif », « capitalisme citoyen » ou encore « capitalisme à impact ».

« Le monde est à l’aube d’une révolution dans la façon de résoudre les problèmes les plus épineux de la société. Désormais devenir prospère et faire le bien ne sont plus considérés comme incompatibles », explique Sir Ronald Cohen et sur cette promesse surfe les marchés financiers sommés de rendre leurs investissements plus "propres", plus "verts et sociaux".

Ces dernières années, les fonds d'investissement à impact fleurissent un peu partout. En France, Citizen Capital en est un des leaders.


Son entreprise Social Finance a lancé en 2010 le premier Social impact bond en Angleterre. Ces nouveaux contrats signent l’entrée d’outils financiers capable de rentabiliser des actions associatives.

Ce contrat permet à un investisseur privé d’engager de l’argent pour financer un programme social, écologique ou culturel porté par une association avec des objectifs précis et fixés au préalable d’impact social comme par exemple, sur le volet social, de faire baisser la récidive des sortants de prison ou bien de diminuer le pourcentage de placement d’enfant ou bien encore de faire entrer un certain nombre de personnes dans l’emploi.

La mesure d’impact est centrale dans ces contrats : elle doit être extrêmement précise et lisible par le marché financier. L’atteinte de ces objectifs, qui peuvent être par ailleurs définis sur plusieurs paliers, déclenche le remboursement des sommes investies par la puissance publique, l’Etat ou les collectivités, avec un taux de retour sur investissement qui peut aller, semble-t-il de 2 à 6% en France jusqu’à plus de 10% à l’étranger. Dans certains cas, il est également prévu des bonus en cas de sur-dépassement des objectifs.

Ces contrats à impact social arrivent en France en 2016 via un appel à projet lancé par le gouvernement de François Hollande. Cette financiarisation de l’action associative sera ensuite défendue par Emmanuel Macron qui intègre leur développement dans son programme de campagne ; ses gouvernements n’auront de cesse de tenter de les développer, les simplifier via plusieurs missions et rapports, puis de les « massifier ». Désormais, le gouvernement ne parle plus de contrat à impact social, mais de contrat à impact pour y inclure tant les objectifs sociaux qu’écologiques voire culturels.

Finalement, la meilleure définition vient peut-être des promoteurs de ces contrats d’un style particulier, voilà ce qu’indique un rapport de 2015 de l’institut de l’entreprise : « Les SIB sont les descendants du Nouveau Management Public et du management par la performance. Un des objectifs du SIB est d’introduire la rigueur des investisseurs du secteur privé, les standards de l’évaluation scientifique positiviste et la discipline des mécanismes de marché pour déterminer le paiement et l’allocation du risque, le monitoring, le manque de compétition et le besoin de régulation par le marché » (Rapport de l’institut de l’entreprise « Social impact bonds, un nouvel outil pour le financement de l’innovation sociale » 2015).

Et pour celles et ceux qui comprennent l'anglais, nous vous conseillons cette petite vidéo publiée dans Forbes qui promeut l'impact social et nous permet de bien voir l'idéologie néolibérale qui le soutend.