Sécurité sociale de l'alimentation : une piste de démarchandisation ?



L’exemple d’une économie redistributive


Nous débutons le nouveau cycle de travaux de l’observatoire de la marchandisation par une séance de notre université populaire des savoirs associatifs sur la sécurité sociale de l’alimentation.
Pourquoi ce choix ? Il nous a semblé que cette proposition redonne du souffle à une autre approche économique, une économie redistributive qui pourrait nourrir notre réflexion sur la « démarchandisation » du monde associatif.

Dans un très bon article Thomas Chevallier, chercheur membre de notre observatoire, revient sur le sens politique de la subvention. Longtemps non définie, elle a pu être le vecteur d’un « clientélisme partisan » en contrepartie d’un soutien politique affiché mais, cette même subvention, dans des contexte politique plus émancipateur a pu également être un outil puissant pour faire vivre le débat démocratique, nourrir les initiatives et les critiques citoyennes, développer les politiques publiques notamment en revendiquant de nouveaux droits, faire remonter des problématiques sociales…
L’arrivée dans les années 90 du New public management, des politiques d’austérité couplées à une politique européenne où seules des défaillances du marché peuvent justifier de l’intervention publique a changer la donne. « En mettant les professionnels associatifs en situation de dépendance, elle ouvre en grand la fenêtre à l’instrumentalisation de leur travail par les pouvoirs publics ».

La subvention, cadrée par la loi Hamon de 2014, prévoit que l’association qui la sollicite doit être à l’initiative du projet d’intérêt général et que le pouvoir public ne doit en attendre aucune contrepartie. Avec les appels à projet et appels d’offre, le principe de contractualisation prend le pas et efface l’initiative citoyenne. Ils limitent l’autonomie associative et sa capacité à participer au débat démocratique, à critiquer les pouvoirs établis.

Comment redonner du pouvoir politique et citoyen à la notion de subvention pour retrouver de l’autonomie ? Cette question va guider les prochains travaux de l’observatoire citoyen de la marchandisation. Une des pistes s’appuient sur les réflexions portées par le collectif pour une sécurité sociale de l’alimentation.

Première étape dans notre travail sur les pistes de démarchandisation des associations, nous avons exploré le 12 octobre 2023, lors d’une séance de notre université populaire des savoirs associatifs, le projet de sécurité sociale de l’alimentation.

Dominique Paturel, chercheuse à l’Inrae et membre de notre conseil scientifique, est venue nous présenter l’historique de ce projet et Maxime Scaduto, membre fondateur et bénévole de l’association Pour une sécurité sociale de l’alimentation – Alsace , nous détailler les différentes expérimentations de caisse en cours. Pourquoi ce choix ? Cette piste redonne du souffle à une économie redistributive hors des logiques marchandes et où le principe démocratique d’organisation de la redistribution est fortement défendu.

A partir de différentes ressources, nous élaborons actuellement un texte qui rendra compte de nos réflexions.